mardi 14 avril 2020

Panthéon : Morana, déesse de la mort, de l'hiver et des cauchemars.

    Lorsque Morana foule la Terre, le monde entier lui obéit. Sa volonté est implacable et d'un sort, le monde s'endort...

Marzanna, artwork : Rafał Górniak

    Morana (en cyrillique Маржана et Marzanna en polonais) est la déesse de l'hiver, liée à la mort et au cauchemars.

    Fille de Lada et de Svarog, elle est étroitement liée au cycle de la vie et ses facettes, elle est partout et nul part à la fois, maternelle et puissante, elle aime tout le monde et personne ne peut lui échapper, elle est irrémédiable, inévitable. À notre mort, c'est elle qui guidera l'embarcation (faite de noyer) qui nous mènera au Royaume des morts, à Nav.

    Si je me sens dans la capacité de vous en parler aujourd'hui, c'est parce qu'au-delà des recherches, j'ai pu la rencontrer à de nombreuses reprises. Il s'agit pour moi d'une déesse importante qui va et vient au rythme de sa volonté et des enseignements qu'elle désire fournir. Aussi, j'aimerais préciser que les mots choisit pour la présenter ne sont pas idéaux.

Artwork : Kristina.B

    Morana, lorsqu'elle se présente à nous, prend aisément les traits d’une vieille femme ou d’une jeune fille au teint très pâle. Elle règne durant toute la période hivernale, ainsi vous aurez plus de chance de la croiser à cet instant mais son aura se reprendra tout au long de l'année car, toutefois, elle aide la nature à se renouveler. C’est elle, en effet, qui plonge faune et flore dans un long sommeil hivernal et les recouvre de neige pour les protéger du froid, avant leur ultime levé au printemps. Vie et mort sont indiscutablement liés par le cycle de l'existence.

   Le monde slave (vous en avez conscience) est riche en dialectes, son nom varie d'un coin à l'autre : Marzanna, Marena, Morana, Morena, Mora, Smierć, Śmiercieha, Śmiertka, Mara, Marmuriena, etc... 

    L'étymologie du préfixe nous transpose face à l'une de ses natures propres, le spectre, les visions, fantômes et apparitions. En Pologne, le même préfixe signifiera "rêver de..." ; En Russie "мороз/moroz" nous évoque le givre, le gel, le froid". La racine "mor" donnera le mot que nous connaissons tous : Mort.
Les choses sont donc bien claires et ce type d'analyses étymologiques fonctionnent pour toutes les divinités.

    L'une des sources textuelles les plus anciennes vient des mains de l'écrivain russe, Popov, qui mentionnera Morana dans le Panthéon slave en 1768. Mise à part cela, les écrits ne sont pas nombreux et très éparses à travers l'histoire. On sait peu de choses sur le culte de cette déesse durant l'époque païenne. Il faut alors expérimenter.

Rites, cultes et célébrations :


    Divers rites sont adressés à Morana, pensons notamment à Maslenitsa (à la fin de l'hiver, autour du 21 Mars) une festivité qui consiste à lui dire au revoir par le biais d'effigies données en sacrifices au fil de l'eau ou encore brûlées. Il est très intéressant de noter que cette coutume populaire a survécu à la christianisation des terres slaves, que ce soit au cœur de la Tchéquie, en Pologne ou en Slovaquie mais aussi important de préciser qu'il n'en reste que la dimension de divertissement, pour la majorité.

    Elle est une déesse capitale pour les Slaves occidentaux qui l'honorent depuis très longtemps déjà (ceci depuis l’ère préchrétienne) jusque nos jours, chez les Rodnovers, par exemple qui par le biais de l'incandescence de son effigie la salue pour accueillir Jarilo et le printemps...

    Oui, les slaves la célèbrent avec entrain mais la redoute tout autant. Sa venue est synonyme de glaces et de vie difficile durant l'hiver, alors son départ est célébré avec beaucoup de joie (nous pouvons mettre cela en corrélation avec ce que nous connaissons ici - dans l'ouest - sous les festivités liées au carnaval et durant lesquelles nous brûlons "le bonhomme d'hiver")

Mon expérience :


Ce qui suit fait partie de mes observations.

    De part sa facette sombre dominante, Morana n'est pas une déesse facile à rencontrer. L'aborder relève de l'exploit (pour ma part, ce fut par biais du hasard et je ne la connaissais pas encore, à l'époque)
Plusieurs croyances admettent qu'elle apprécie l'idée de vie éteinte (elle aimerait - entre autre - les fleurs séchées, feuilles mortes, etc...) et de sommeil prolongé (cauchemars, paralysies du sommeil, etc...), il se peut alors que c'est par là, qu'elle vous contacte.

    Celui qui osera lui faire appel doit être prudent et précis dans ses demandes, au risque d'être surprit par la réponse de Morana.

    Il y a encore tant à dire sur elle mais je réserve tout ceci pour plus tard.

Sources :


  • Mater Verborum, manuscrit tchèque du 13ème siècle par Skvortzov, Konstantin.
  • Dame Morena par Radio.cz
  • Revue des deux mondes, tome 3, épopée des bohèmes.
  • Annales et chroniques du royaume de Pologne de Jan Długosz. 
  • Les slaves et le paganisme de Wieslaw Jagodzik.

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