vendredi 1 mai 2020

Le Culte de l'Ours dans la Préhistoire.

    Depuis la nuit des temps et à travers le monde, L'Ours est un animal qui partage le quotidien des hommes, tantôt cohabitant, vénéré ou repoussé de nos contrées. Il est temps de parler d'un de nos premiers cultes ; Depuis la préhistoire.


Artwork : Synnabar
    
    Note : Cet article est premièrement paru dans le Nymbathe Journal, édition de Beltane (Mai 2020). Vous pouvez découvrir l'intégralité du dossier consacré au "Culte de l'Ours" et "L'Ours et le Roi" ci-suit : Nymbathe, 5ème édition.
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    Au commencement, si tant il y en ait au sein de la spiritualité, l'ours était un animal somme tout spécial. La légende raconte qu'aux lieux marqués par la présence des hommes se trouvent des ours et inversement. Désormais, ils arpentent les reliquats de nos innombrables forêts d'Europe, vestige d'un passé sacré et vénéré, indiscutablement lié à l'identité indo-européenne.

    Bête anthropomorphe, très proche de l'homme et au comportement des plus troublants, il possède tout comme nous, la faculté de se tenir debout et d'allaiter ses petits de la même manière. La ressemblance ne s'arrête pas là. Comme l'être-humain, l'ours parvint à l'âge adulte relativement tard par rapport aux autres animaux peuplant notre monde, utilise des outils lui facilitant la vie et développe des techniques méticuleuses de chasse et de pêche !

    Contre toute attente et malgré leur réputation antérieure au christianisme d'animaux bourrus, leur cerveau occupe une place importante dans la boite crânienne en faisant des animaux d'une très grande intelligence. De la fascination des hommes pour cet animal naîtra, selon certains, le dénommé "Culte de l'Ours"

    Animal vecteur de multiples symboles spirituel ou totem pour d'autres, l'ours représente la puissance, le renouveau, la sagesse et l'ancienneté.
Bien que son culte soit l'épicentre de débats animés entre chercheurs et historiens, on ne peut nier les traces ancrées de son passage et du culte lui étant voué au sein de nombreux peuples et coutumes à travers le globe.

    Ce dernier remontant aux prémisses de notre histoire d'hommes La Préhistoire.

L'Ours durant la préhistoire :


    C'est en Comminges que nous retrouvons la plus ancienne sculpture ressemblant à un ours ;
Cette dernière nous vient tout droit d'une époque lointaine nommée Préhistoire, et bien que celle-ci soit privée de tête, la création est reconnaissable à la forme de ses pattes dont l'âge s'étant à plus de 20.000 ans.

    En effet, il y a de cela plus de 35 000 ans, les figures le représentant se multiplient.
L'Ours épouse les parois de la grotte de Chauvet en Ardèche, les blocs gravés de Dordogne, l'ivoire dans le Jura. Il se dresse discrètement, partout et par-delà nombres de lieux où l'on découvre plusieurs sépultures et arts autour de l'animal, preuves d'un potentiel culte de l'ours, vénéré alors comme un dieu par l'homme et prit une place importante dans le bestiaire symbolique et mythologique de la préhistoire.

    Durant plusieurs millénaires, sa force iconographique côtoie celle des grands herbivores, orne grottes et armes, parures et outils, qu'ils soient présenté sous formes figurées ou devinés par notre lointaine mémoire génétique.

    Ce lien étroit entre notre espèce et l'ursidé s'explique de nombreuses manières et perdurera à travers les siècles de part les croyances indo-européennes : Celtes, Scandinaves, Germains, Slaves, Grecs, Romains et autres peuplades de nos terres et de notre planète !

    L'Ours inonde nos grottes mais plus souvent il se dérobe à notre regard, se fait discret malgré sa morphologie imposante sans disparaître du conscient et de l'inconscient.
Les artistes, de tout temps, rendent hommage à cet animal, véritable «ancêtre et
muse de l’homme».

Le Culte de l'Ours :


    Les ours que nous connaissons sont les héritiers d'une très longue évolution débutant il y a vingt millions d'années où naquit le genre Ursavus, c’est-à-dire : Les premiers ours qui donneront naissance au genre Ursus, de petite taille et dont sont issues les deux espèces que nous côtoyons aujourd'hui, l’Ours noir d’Amérique et l’Ours noir d’Asie.

    Les Ursus furent aussi les parents d'une espèce européenne ancienne : L'Ours étrusque dont l'évolution mènera à l’Ours brun et l’Ours de Deninger, ancêtre de l’Ours des cavernes, apparu vers -250.000 ans.

    De nos jours, L'Ours brun partage notre monde tandis que l’Ours des cavernes s’est éteint, il y a environ 20000 ans et ce sont ces deux espèces qui ont côtoyés les hommes préhistoriques.

    Tapis dans les cavités de nos grottes, on trouvera des restes d'ours. Tantôt auprès de restes humains, tantôt étrangement disposés comme si ces derniers étaient vecteurs de culte...
Mais, les témoignages de telles découvertes demeurent de l'absolu et de l'exceptionnel.

    Les écoles s'affrontent depuis des décennies sans que l'une ou l'autre n'ait pu prouver l'exactitude de ses propos.

    Par endroits, des structures en pierre semblent avoir été aménagées par l'homme dans le but de contenir des ossements d’ours des cavernes mais ceci s’est avéré n'être qu'hasard et origine naturelle.
Malgré cela, des manifestations symboliques liées à ces animaux existent. Les hommes préhistoriques les ont largement représenté à travers l'art et ont manipulé des ossements d’ours, comme l'a démontré le crâne d'un ours, ramassé au sol et déposé sur un bloc à Chauvet-Pont d’Arc, en Ardèche.

    Il est aussi probable, comme le suggère l'abbé Breuil, que ces animaux étaient fortement présents au cœur de rites saisonniers.
On trouvera notamment, au sein du controversé ouvrage : "Les chamanes de la Préhistoire" de l'anthropologue David. L Williams et l'historien Jean Clottes, une hypothèse disant que les représentations de l'ours ornant le monde préhistorique sont une expression d'états de conscience modifiée...

Antiquité et Rites Autochtones :


    Au 5ème siècle, L'Ours est considéré comme un roi, une forme de divinité qui, dans plusieurs traditions, incarne un animal spirituel puissant, s'ouvrant aux rituels guerriers et saisonniers, tirant sa force d’instincts primitifs et sauvages dont on souhaite éviter la rage et la colère.

    De son ancienneté et en bon observateur, sa sagesse guidera les peuples. Cette oscillation entre férocité et douceur lui accordera crainte et profond respect de la part de ses adeptes.

    Dans l'Antiquité, Artémis serait une déesse forte, liée à la chasse qui empreinte les traits de l'ours(e) ; Artio en terre helvète adopte les traits de cet animal emblématique, symbole de royauté chez les Celtes ; chez les peuples germaniques et scandinaves et cela, à l'époque du paganisme nordique, l'ours était célébré pour sa force, son courage et son invincibilité. Thor, dieu des guerriers et du tonnerre semble avoir été  surnommé Thorbiörn, c'est-à-dire Thor-ours et les Berserkers lui sont étroitement liés.

    Quant aux slaves, ils l'associeront - entre autre - à Veles et ce, notamment lors des célébrations de Komoeditsa, au cœur des villages reculés de Biélorussie ou encore durant Maslenitsa, ailleurs en leurs terres.

    Il y a de cela bien longtemps, même si la croyance ait perduré, que l'ours et considéré non seulement comme un animal divin mais également comme un parent en s'adressant à lui comme un «grand-père», un ancien-sage.

    À travers les âges, l'ours est resté un animal vénéré comme un dieu. Mais, comme vous l'apprendrez dans l'article complet du journal (voir "L'Ours et le Roi", Nymbathe Journal - Mai 2020), pour christianiser l’Europe, le clergé a déclaré la guerre à l’ours et a mis le lion à sa place sur le trône au milieu des autres animaux...

    L'Ours nous inspire depuis l'aube du monde, il nous rassure, insuffle en nous la puissance d'un esprit guerrier brûlant au cœur de nos mémoires. Il nous pousse à l'affirmation, à la rencontre de notre être-intérieur et à nos interrogations. C'est un animal devenu un dieu, qui nous guide, enseigne et invite à la méditation, à la remise en question de nos idéaux vers une réflexion sereine. Il nous montre qu'au-delà nos aspects d'êtres sociaux, la solitude et la connexion avec nous, en tant qu'être, est salutaire.

Sources :


  • L'ours : De l'image au symbole durant la Préhistoire par le Muséum d'histoire naturelle de Paris.
  • L'ours dans l'art préhistorique : Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
  • Les animaux, ces messagers qui nous parlent de Solange Bartoli.
  • Sur les chemins de la préhistoire, du Périgord à l’Afrique du Sud par Henri Breuil.
  • Sous la peau de l'ours: l'humanité et les ursidés de Raymond Pujo.
  • Le culte de l'ourse de Marie Cachet.

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