mercredi 1 juillet 2020

Célébrations : La Nuit de Kupala

Aux environs du solstice d'été, les slaves se rassemblent de toutes parts afin de célébrer, ensemble, la Nuit de Kupala. Moment de joies et d'enthousiasmes que l'on peut mettre en corrélation avec les autres festivités du continent.



    Depuis des temps immémoriaux, l'être-humain suit le rythme de la nature et des saisons. De facto, ils ont célébrés le renouveau de la nature, la venue et la gloire des astres dans moult rites variés.

Kupala s'inscrit dans la tradition liée au solstice d'été et se fête en terres slaves. On la retrouve au sein de diverses nations : Russie, Biélorussie, Ukraine, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, etc... Mais également sous plusieurs appellations.
Nous retiendrons ici le nom de "Nuit de Kupala".


Une soirée magique partagées par les peuples :


    En Pologne, des historiens ont rapportés qu'au milieu de l'été, les habitants organisaient de grandes et heureuses célébrations en plein air durant lesquelles d'immenses feux inondaient la nuit, accompagnés de chants, de danses et rituels merveilleux afin de célébrer le feu, l’eau mais aussi et surtout, le soleil et les récoltes !

La promiscuité de ces rites estivaux autour desquels évoluent joie et fertilité, amenaient des résultats justifiés neuf mois plus tard en bon nombre de naissances au village. Symbole d’amour et de passion, elle est l’équivalent slave de la Saint-Valentin.

Au fil du temps et avec la venue du christianisme, ces fêtes se sont vues tombées en désuétude pour revenir, doucement, avec la résurgence des croyances et foi autochtones tandis qu'en parallèle, une nouvelle festivité, édulcorée, vu le jour lors de la Saint-Jean.

En Slavie, il existe alors deux fêtes, au même moment et d'origines différentes : Païenne et chrétienne.
Ceci est valable pour la Pologne mais aussi, avec quelques détails changeants, pour toutes les terres du monde slave.


Nuit de Kupala
Artwork : Julia Kostsova


Symbolisme et spiritualité :


    Etymologiquement, Kupala viendrait des racines « Kup » qui signifie « Faire bouillir/luxure » et également du latin « Cupido » signifiant à son tour… « Désir », le ton est donné. Et pour finir, le mot slave « Koupatysia » en Ukraine, se traduit par « Baignade ».

En effet, la tradition de Kupala, invite tout-un-chacun à se baigner lorsque le soleil darde de ces ultimeslumières, ce, après avoir festoyé autour d’un feu immense.

S’en suit danses et chants autour d’un poteau, symbolisant l’arbre de vie surmonté d’une roue solaire jusque minuit, moment idéal pour nos célibataires de partir en courant dans la forêt, à la recherche de la fleur de fougère (métaphore ou non, à vous de choisir).

Cette fleur aurait la particularité de fleurir aux alentours de minuit, celui ou celle qui la trouve s’offrirait ainsi de bons augures pour les temps à venir et tout ses vœux seraient satisfaits.
Cependant personne ne l'a encore découverte...

Les femmes partent en premières, scandant des chants entrainant et couronnées de fleurs symbolisant leur disponibilité à ces messieurs.

Les hommes partent ensuite à leur recherche, tandis que les jeunes filles (de blanc vêtu) déposent leurs couronnes illuminées sur la rivière en l’espoir que quelqu’un la découvre en suivant le cours de l'eau.
On pense que ce qui arrive à la couronne de chacune, prédit l'avenir. Si elle flotte sans encombres, ou mieux encore, si elle est retirée de l'eau par un homme, elle aura de la chance en amour et il se peut, qu'il lui ramène séchée, l’année suivante.
Un naufrage annoncerait les rendez-vous amers et la solitude. Mais si elle se colle à une autre couronne, une amitié se formera.

Le poète polonais Jan Kochanowski, qui participa à certaines de ces festivités, donne une description de la nuit dans son « Pieśń o Sobótce»

Au sein de l'ouvrage Deutsche Mythologie, Jacob Grimm fit remarquer que certains Russes utilisaient le mot « Kupala » pour décrire les feux allumés au solstice d'été, et note que certains expliquaient le nom « Kupulo », comme étant une divinité des récoltes, des herbes, de la magie, du sexe et du solstice d'été dont la sœur jumelle est Kostroma. Sa célébration tombe le jour du solstice d'été, en juin, consacrant ce jour aux deux plus importants éléments : le feu et l'eau.

Pour d'autres, cette déité n'existe pas et elle se voit donc remplacée par Jarilo, dieu de la guerre, de la fertilité, de la végétation mais aussi du printemps (que l'on salue et remercie pour la récolte) qui s'uniera alors à sa soeur apportant abondance à la terre ou encore au dieu Svarojitch pour lequel est allumé un feu sacré, Perun pour sa force, Sventovit pour que les futures récoltes soient prolifiques, Mokosh déesse des femmes et protectrice du foyer, Dadzbog pour ses rayons et l'énergie solaire, vitale qu'il a apporté et Matka-Ziemia, la Terre-Mère.


Sources exploitées :


- Bogowie Slowian "Les Slaves et le Paganisme", Wieslaw Jagodzik.
- Praying to pagan gods and saving the Slavic spirit, Russia Beyond.
- Kupala Night: Mixing Pagan & Christian Traditions, Culture Poland.

    Note : Cet article est premièrement paru dans le Nymbathe Journal, édition de Litha (Juin2020). Vous pouvez découvrir ici une édition consacrée aux terres de l'Est : Nymbathe, 6ème édition.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire