jeudi 27 août 2020

L'Epaulard, Gardienne de Mémoire :

Dame habillée de noir et de blanc, animal spirituel ou être à la beauté singulière, l'orque ou épaulard serait née de la main de l'homme, ainsi vectrice de légendes et de notions spirituelles... Ou peut-être vient-elle tout simplement de la profondeur des flots et du coeur de l'océan.



Bien qu'elle arbore l'un des meilleurs camouflages des océans, l'orque (ou épaulard – Orcinus Orca) n'a pas manqué d'inspirer de nombreux peuples à travers le monde avec en tête de liste, les Amérindiens, fervents défenseurs de la mystérieuse baleine, mère et muse de légendes dont le chant vibre avec l'âme humaine...

                Reine des mers, elle est l'une des plus grandes chasserresses au régime alimentaire varié (après l’homme) ; Nous la reconnaissons aisément à son corps teinté de noir et de blanc mais aussi à ses talents, sa force et son language aux dialectes distincts dû à sa répartition cosmopolite. On la retrouve principalement dans les régions artiques et antartiques mais elle se déplace jusqu’aux tropiques !

Leur sociabilité n’est plus à prouver. Certaines familles d’orques sont composées de plusieurs familles matrilinéaires des plus stables du monde animal et leur rapport à notre espèce se fait sans aucune forme de danger (en cas d’orques libres), certains spécimens approchent les navires dans le but d’établir un contact (nous retiendrons Luna et sa fabuleuse histoire, voir sources). Les seules « attaques » d’orques connues ont toutes eues lieux dans des bassins, les animaux captifs rendus ainsi proches de la folie eurent ainsi tué et blessé leurs soigneurs… La liberté étant indispensable à une bête nageant sur des centaines de kilomètres par jour. Ils sont fait pour les grandes étendues d’eau, on le sait aujourd’hui ! (C.f : Tillikum, orque prisonnière/Granny, épaulard libre et sauvage)
Fortement présente au sein de la mythologie des peuples, elle possède tantôt une réputation de protecteur des âmes humaines, tantôt celle d’un animal tueur dangereux.



L'Orque, un animal "totem":

                Il est probable qu’un homme ou une femme, possède cet animal comme totem.

Par-là, il est entendu, une gardienne porteuse de messages pour l’être choisit :

  • Dans ce cas, la personne guidée doit se rappeler que lorsqu’une connexion est établie entre les âmes, l’émotionnel primera, la créativité exaltera et sera peut-être libérée, ou gardée secrète malgré sa présence.

Pour peu que vos croyances se portent sur l’apparition et l’existence de totems, prenez garde à la manière dont cet animal vous apparaît, ceci pourrait en dire long sur le travail à faire.

Devrez-vous ainsi bondir et libérer vos émotions, votre créativité en vous ancrant ou devrez-vous encore prendre soin de vous et votre santé… ?

Que ressentez-vous face à l’animal jaillissant des flots ou cette bête en souffrance devant vous ?

Bien que les légendes varient d’une tribu à l’autre, elles s’accordent plus ou moins sur ces points :

"L'Orque est intrépide, libre, audacieuse, puissante... Un parfait équilibre entre pouvoir et beauté."

Salana Eyoung Ayessis :

                Souvenez-vous de votre enfance. Vous avez peut-être connu un film du nom de Sauvez Willy et cette phrase vous replonge dans un tas de souvenirs ? C’est mon cas alors je me permets de souligner cette légende qui, plus d’en être une, est une histoire traversant les âges issue des Tlingits et Haïdas, deux peuplades amérindiennes.

Celle-ci raconte comment chaque espèce surnaturelle de la culture Tlingit fut créée et bien sûr, sur cette côte Nord-ouest des États-Unis, on retrouve l’Orque.

« Il y a bien longtemps, un jeune chasseur du nom de Naatsilanai attirait la jalousie de ces confrères, par sa dextérité dans son art et son œil aguerrit durant la traque. C’est alors que ces derniers l’emmenèrent sournoisement sur un rocher aride et lointain, un lieu habité uniquement par des phoques et des otaries, avant de le laisser seul, abandonné à son triste sort avec pour seule compagnie l’immensité des eaux.

Seul le plus jeune frère tenta de l’aider et s’opposa à cet acte mais il ne fut pas entendu.

Les jours passaient et devenaient de plus en plus pénibles quand lors du coucher, une voie inconnue paru à ses oreilles. « Je suis venu ici, pour t’aider… », il regarda autour de lui mais rien, si ce n’est le vent qui balayait le rocher ne lui vint au regard. Croyant à un tour de son esprit, il se remit en quête de sommeil mais la voix revint et répéta la même phrase.

Soudain, une présence se mit à tournoyer dans les environs et se cachant de son drap, Naatsilanai ouvrit un œil. C'est alors qu'il vit un goéland s'approcher de lui et s'étonna de reconnaître l'animal.

En effet, la bête lui répondit qu’elle était venue pour lui demander de l’aide, afin de guérir une personne qui en éprouvait un réel besoin et qu’une récompense lui serait accordé s’il y arrivait.

Le lendemain en cherchant de la nourriture, il trouva une drôle de demeure qui étrangement l’appelait et il pénétra prudemment avant de découvrir un âtre, devant lequel gisait un homme blessé : le chef des otaries habitant le rocher. En son torse, une lance était maintenue prisonnière et le faisait terriblement souffrir.

Naatsilanai prit la décision de le guérir et c’est ainsi qu’usant de son savoir, il se saisit d’eau et dansa frénétiquement autour du vieillard blessé, tel un sorcier en plein office.

Une fois la plaie nettoyée, il pu s’emparer de l’outil et l’ôta du corps de la victime, il comprit par son geste pourquoi les otaries n’avaient pu le sauver.

En dédommagement, il obtint un sac mystérieux. Le sac du « Vent de l’Ouest » qui devait l’amener loin du rocher sur lequel il était exilé. Ce qu’il se passa.

Le soir de son retour, Naatsilanai se saisit de ses outils de sculpteur et il parti vivre en ermite, il commença à créer des orques au nombre de huit, dans du peuplier de Virginie, avant de les poser dans l’eau en répétant une prière inconnue jusqu’alors : « Salana Eyoung Ayessis »

Il leur demanda de lui rapporter du poisson ou toute nourriture qu’ils seraient capables de trouver mais rapidement, par suite des caprices de l’océan, les orques revinrent sur le rivage, bredouilles.

Malheureusement aucune essence végétale ne semblait convenir… Jusqu’à ce que Naatsilanai se saisisse de Cèdre jaune. La magie opéra dès que les orques touchèrent l’eau. Ils se mirent à vivre, ils plongèrent en nagèrent jusqu’à la mer. En peu de temps la nouvelle demeure de Naatsilanai regorgeait de nourriture.

Le temps passa et les saisons suivaient leur court, quand soudain il vit au loin ses bourreaux, allant d’un camp à l’autre. Prit de fureur, il demanda à ses orques de noyer l’équipage en laissant la vie sauve au plus jeune, car il fut le seul à tenter de l’aider.

Comme prévu, ils furent tous ensevelit par les eaux sauf un, ramené sur le rivage par les animaux. Après cet épisode, Naatsilanai expliqua à son armée tel un chef que jamais elles ne devaient s’en prendre aux humains car c’est la main de l’homme qui les a façonnées mais qu’elles pourraient chasser et tuer, tout ce qui vivait dans l’océan.

Une amitié éternelle naquit de cette aventure, l’orque vit le jour démontrant aux homme que tout est possible « Salana Eyoung Ayessis » et le jeune homme vécu sain et sauf, jusqu’à la fin de ses jours.

On raconte aujourd'hui que les Tlingits considèrent les orques comme de simples prédateurs partant à la chasse.

Cependant, les descendants de Naatsilanai utilisent encore cette sculpture comme emblème fort de leur culture et considèrent l’orque comme mère de leur peuple, baptisant ainsi les Tlingits : Le Peuple des Orques.

Elles s’appellaient Keiko, Tilikum, Luna, Kayla, Valentin, Lolita, Eden…* et furent tenues en captivité de nombreuses années.

Que l’on puisse voir en eux des êtres spirituels ou non, elles n’en demeurent pas moins des bêtes qui ne méritaient pas de vivre dans de telles conditions.

Les orques sont des animaux libres. Ces mammifères marins, stars de spectacles dans les parcs d’attractions aquatiques, meurt prématurément. En tant qu’être-humains, nous pouvons (re)créer tout un tas de choses mais il nous est impossible de copier l’océan.

*liste non-exhaustive

  • Alaska's Totem Poles, Pat Kramer.
  • Kéet, kake version, Henri et Claribel A. Davis.
  • Le "Canisius Ambassadors for Conservation program", Docteur Noonan.

Note : Cet article est premièrement paru dans le Nymbathe Journal, édition de Lugnasad (Août 2020).

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