lundi 9 novembre 2020

Dziady, instant de souvenirs et de mémoire slave

Date importante au sein du calendrier slave, Dziady s'inscrit dans les rites depuis bon nombre de générations. Se transformant au fil du temps et se glissant au cœur même des célébrations chrétiennes. Clin d'œil sur une fête méconnue !

Souvenirs et traditions slaves

    Au mois d’Octobre, les païens ayant épousé les rites slaves célébraient les anciens et les disparus durant une semaine sous l’appellation de Dziady. Ce temps était consacré à la commémoration et la communication avec les défunts et peut littéralement être traduit comme culte des ancêtres.

À l'origine, plusieurs festivités de ce type avaient lieu avec un nombre fixé à 4 fois par an - pendant la nouvelle lune autour des solstices d'hiver et d'été ainsi qu'autour des équinoxes d'automne et de printemps. Ces jours étaient considérés comme très puissants dans la spiritualité slave, que l’on constate axée sur la nature et la nouvelle lune. Au fil du temps et avec l’expansion du christianisme, une date sortie du lot et fut ainsi combinée à la fête chrétienne de tous les saints vers le 14ème siècle en Pologne, mais malgré la venue de cette nouvelle tradition de nombreuses personnes exécutaient encore les anciens rites au 19ème siècle ou au début du 20ème siècle, immortalisé par le célèbre « Dziady », un drame tout en prose écrit par Adam Mickiewicz, célèbre poète du romantisme polonais.

Petit à petit, les nouveaux rites se détachèrent lentement de leur sens originel sous l'influence du clergé et la fête fut renommée Zaduszki (traduit par fête des âmes) ou encore : Pominki, Wspominki ou Wypominki, dans certaines régions de Pologne où l’on pensait que le moment le plus fort pour l'incarnation des âmes en visite - la vraie nuit de Dziady - devait se dérouler obligatoirement la veille de la Toussaint.

La résurgence païenne en Terres slaves

Depuis plusieurs années, les croyants en la foi autochtone slave recréent les rites dans le but de revenir aux racines de leur peuple et la plupart des informations sur ces rites sont un héritage ayant survécu au travers de la chrétienté ; Héritage sacré qui ne disparut pas au sein des populations rurales des diverses nations slaves.

En effet, les populations christianisées étaient très prudentes en termes de contact avec le monde de l’au-delà et les esprits, à la manière de leurs ancêtres païens.

Ainsi aucune invocation ne pouvait être menée par une personne non-avisée, seuls les sages qui savaient comment et quand renvoyer les âmes qui arrivent avaient autorisation de pratiquer avec toutes les mesures d’usages et sécurités requises. De fait, pendant les célébrations au sein de la Rodnoverie, les participants peuvent approcher du feu sacré, uniquement s’ils sont munis de masques (appelés karaboszki, préparés en bois et/ou en cuir) afin d’être protégés des êtres du-dessous et ne peuvent le faire sans être guidé par un chef spirituel spirituel nommé « żerca » (prêtre slave) ou « guślarz » (type de chaman slave). Le respect des conventions est de mise et tout manquement aux règles est sanctionné par une exclusion du rite. Après tout, on ne peut savoir à l’avance qui choisira de nous rendre visite…

Enfin, les maîtres de cérémonies invoquent les âmes des ancêtres, leur offrent de la nourriture et de petits cadeaux en guise d’offrandes (les exemples les plus courants sont certains types de gruaux et de céréales populaires en Europe de l'Est, considérés comme les plus sacrés dans les traditions slaves, les œufs, le miel et de nombreuses herbes symboliques voir des compositions de fleurs séchées).

Ce, afin de gagner leurs grâces et assistances pour l'année suivante tout en présentant leurs hommages à Veles (Divinité liée au monde du-dessous dont il est le protecteur, aux trois mondes spirituels slaves, maître de la terre et de ses eaux, dieu du bétail et des animaux sauvages, du commerce, dieu-gardien des forêts et de la fertilité possédant les secrets de la sorcellerie. Gardant également l'âme des défunts).

Cet instant est, de facto, idéal pour le contact et la divination, avec le monde du-dessous (Nav) et ses habitants. Le lieu des invocations est toujours choisi avec grande minutie et se situe très souvent à côté d'un chêne afin de bénéficier de sa protection et de sa connexion avec le flux de la vie – et de la mort.

Sources

  • Dziady, Adam Mickiewicz
  • Bogowie Slowian "Les Slaves Et Le Paganisme", Wieslaw Jagodzik
  • Slawoslaw.pl
  • Moremaiorum.pl
  • Slowianskawiara.pl
Note : Cet article est premièrement paru dans le Nymbathe Journal, édition de Mabon (Octobre 2020).

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